lundi 28 janvier 2019

Fils de nègre




Fils d’Afrique, noir jusqu’au tréfonds de mon âme, le moindre de mes atomes est rebelle
Dans ma tête il y a un refus clair d’accepter que la vie est belle
Belle ? On se demande pour qui dans ce monde cruel
Quand je vois toutes ces guerres apparentes ou non et toutes ces victimes
Tandis qu’intouchables semblent être les pires auteurs de crime
George le boucher de  la maison blanche est devenu peintre, tu le crois ?
Sur tous ses crimes et ses victimes on doit apparemment faire une croix
Enfin on peut avoir de l’espoir si on croit au message du saint sur la croix
Avoir la foi en un monde meilleur, je salue ceux qui l’ont
Pour mon esprit ça ne pourrait être encore qu’une illusion
Car je ne vois qu’abominations, destruction et dévastation
Je ne joue pas à des jeux comme qui veut gagner des millions
Non, moi mon esprit est assailli par un million de questions
Quand je vois les conditions de gens sur mon si riche continent
Envahi, pillé, surexploité par des démons venus des autres continents
Mes ancêtres ont été brisés, humiliés, rabaissés plus bas que terre et enchainés 
Oui sur notre belle terre un sort sinistre et funeste semble s'acharner 
Combien de charniers, de vies brisées et d'espoirs envolés 
On me dit de compatir avec les souffrances des peuples européens ?
Eux ont-ils compati avec les innombrables souffrances des miens ?
On peut bien aimer les autres mais à la fin comme on dit chez moi on se préfère
Leurs souffrances je le dis franchement une partie de moi n’en a que faire
Pas que je sois sans cœur, mais c’est le cadet de mes soucis
Toute ma vie j’ai cherché à ne pas nuire à autrui
Mon père était un homme de bien et ça lui a coûté cher
Trahi par une personne qui lui était particulièrement chère
Alors j’ai compris dans ce monde il faut se méfier des bons sentiments
Se méfier des gens qui se montrent gentils parce que vous avez de l’argent
Moi le fils de nègre j’ai aussi compris qu’il n’y a pas de solidarité avec mes frères et sœurs de couleur
Prêts à te poignarder dans le dos pour leurs sinistres intérêts égoïstes
Accepter cette terrifiante réalité m’a rendu particulièrement triste
Alors je me suis que l’humanité est une sale race qui court à sa perte
Et je rêve depuis lors de finir mes jours, seul sur une île déserte
Mais il y a des gens qui m’aiment et pour eux je fais l’effort de prendre sur moi
Mais je n’ai pas d’espoir et ça tu dois le savoir
Mon seul passe-temps est d’acquérir du savoir
Une muraille en béton armé entoure désormais mon cœur
Je ne laisserai plus jamais un opportuniste jouer avec mes sentiments
Je ne suis pas violent mais crois-moi je peux le devenir aisément
Je suis blasé, désabusé par un monde dont je vomis la cruauté
Et j’en suis d’autant plus navré car dans ce monde il y a aussi tant de beauté
Bref je suis ici et j’essaie quand je me lève du bon pied de profiter du temps qu’il me reste
Même si pour moi ce monde c’est chaque jour devoir choisir entre le choléra et la peste

Le nègre noir 



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