lundi 11 septembre 2017

Starship Troopers



Sans aucun doute l’un des films les plus violemment critiqués à sa sortie. Certains y voient un film glorifiant le fascisme, un film débile et un film « nanardesque ». Mais qui connait la filmographie de son metteur en scène Paul Verhoeven (1) à qui l’on doit les ultraviolents « Robocop », « Total Recall » et « Basic Instinct », sait que cet européen est spécialisé dans la critique au vitriol de certaines sociétés comme la société étasunienne. Et c’est peut-être bien cette critique que les journaleux aux ordres (et pro-étasuniens) ont refusé de voir pour des raisons faciles à deviner. Ils ont préféré voir un film qui glorifie des sociétés totalitaires comme la société nazie. Car le mal on préfère le voir chez l’autre !



L’histoire décrit une guerre épique entre une race d’insectes géants et la race humaine. Il est très clair qu’il ne peut y avoir de trève et que le vaincu sera exterminé.  C'est donc une guerre à mort ! Verhoeven profite de cette histoire très simple pour présenter une société fascisante, militariste à outrance et débile. Une société où le sexe et la race ne comptent pas (les gauchistes devraient apprécier), seules comptent les capacités tant physiques, qu’intellectuelles et mentales. Et le seul moyen d’être citoyen (donc droit de vote et autres) est de faire son service militaire. Les héros sont donc des jeunes bellâtres pour la plupart et propres sur eux (d’ailleurs la plupart des acteurs principaux viennent de sitcom). Des personnes un peu idéalistes et connes. Deux d’entre eux se sont engagés par amour, une autre pour avoir des bébés, une autre pour pouvoir faire de la politique (dont nécessité d’être citoyen), un autre pour échapper à la ferme etc… Pour se faire ils devront être formés dans une école militaire ! Et on ne peut pas dire que Verhoeven ne se soit pas inspiré du « full metal Jacket » de Stanley Kubrick avec un sergent instructeur surexcité appelé Zim (2) qui rappelle un peu le sergent instructeur Hartman (3). Il en fera voir de toutes les couleurs aux jeunes recrues jusqu’à ce que celles-ci partent à la guerre et que la plupart crèvent dans d’atroces conditions. Car au final leur formation et leurs armes ne seront pas d’une grande utilité face à un ennemi aux capacités méconnues et qui est particulièrement coriace !



La société décrite par Vehroeven dans ce film semble étrangement contemporaine. Le culte de la force militaire est très présent aux USA qui se présentent comme la nation indispensable. Et d’ailleurs sur le drapeau de la fédération on voit une sorte d’aigle (4) qui n’est pas sans rappeler le drapeau nazi et quand on pousse un peu (5) on se rend compte que l’aigle symbolise aussi les USA. La propagande militaire, le culte de la supériorité de la race humaine et le conditionnement des enfants (on voit cette scène où des militaires donnent des armes aux enfants et celle où des enfants écrasent des cafards pour la plus grande joie d’une mère), tout ceci fait penser à la société étasunienne moderne. De même que ces journalistes « embarqués » qui suivent les soldats dans la guerre cela rappelle indéniablement la manière dont a été couverte la première guerre du golfe (6). Quant aux jeunes recrues « très patriotes » qui sont prêtes à aller casser de « l’insecte » cela rappelle un film comme « né un 4 juillet » (7) du vétéran Oliver Stone où des jeunes étaient prêts à aller casser du communiste ! Différents ennemis, même propagande… Ces jeunes recrues sont mortes pour la plupart. Je trouve ce film intéressant car il montre que les mêmes recettes marchent encore et encore et ce d’autant plus que dans ce film ce sont les humains qui sont allés provoquer les insectes ! Donc la réaction de ces derniers faits penser à celle des japonais à Pearl Harbour. De même l'attaque de Buenos Aires par un météore soi-disant envoyé par les insectes géants fait penser aux attentats du 11 septembre 2001. Attentats qui ont permis de justifier des guerres sinistres et particulièrement meurtrières y compris pour ceux qui les ont déclenchées. 



En effet ceux-ci (les humains) confiants en leur force et en leur puissance pensent que l’humain doit dominer la galaxie ! Et on voit clairement cette arrogance dans la première attaque des humains contre la planète principale des insectes qui s’est soldé par la mort de 300 000 soldats. Alors ce chiffre est surréaliste mais je pense que le scénariste a voulu montrer l’ampleur de la catastrophe et la dangereuse arrogance du genre humain. Il est assez amusant que ce soit un « Sky marshal » (8) WASP (9) qui ait mis en place une stratégie stupide visant à aller attaquer frontalement les insectes en ne sachant au final rien d’eux. Cela s’est donc soldé par de nombreux morts et plusieurs vaisseaux détruits. Inutile de dire que cela rappelle l’arrogance des étasuniens dans de nombreuses guerres comme celles du Vietnam, d’Iraq ou encore d’Afghanistan. Il est amusant que ce soit un Sky marshal non WASP (10) qui ait proposé une stratégie plus intelligente à savoir comprendre l’ennemi pour mieux le combattre. Et ils se rendent compte que l’ennemi est structuré et a même des stratèges ! Mais ce film montre bien la tendance de certains (suivez mon regard) à sous-estimer l’adversaire en le méprisant et n’y voyant que des animaux sans cervelle. Ils conditionnent ainsi des jeunes gens les envoyant dans un enfer dont au final peu reviennent « entiers » (tant physiquement qu’et/ou mentalement).



Pour ma part ce film est un des meilleurs de Paul Verhoeven. Certains y ont préféré voir un film fasciste moi j’y vois un film qui décrit de manière sarcastique la société étasunienne et montre qu’elle a des relents de société nazie. Le seul endroit où l’égalité a cours c’est dans l’armée et on encourage des gens à s’engager pour devenir des membres d’une « caste supérieure ». Une caste admirée dit-on. Mais au final dit-on qu’une bonne partie des vétérans sont abandonnés à leur sort ? Montre-t-on tous ces gens dont la vie est brisée à jamais ? Non on nous montrera des jeunes soldats, beaux, musclés et impressionnants donc des gens qui font envie, des "héros". Des humains qui symbolisent la puissance d’une nation comme le montre parfaitement la fin du film Starship troopers où la propagande bat son plein en parlant des « meilleurs soldats », ceux qui ont survécu à plusieurs batailles ! La réaction des critiques du cinéma étasunien et d’une partie du public est compréhensible car ils ne veulent pas qu’on leur montre leur vraie face ! Celle de gens débiles, arrogants et courant donc à la catastrophe ! Verhoeven lui aime montrer la noirceur du genre humain, noirceur qui revient dans tous ces films. Il aime aussi critiquer la folie des puissants et un monde qui sombre dans la déraison. Je vous recommande donc ce film qui pour moi n’est pas loin du chef d’œuvre.
Le film entier ici



Abraham K 

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