lundi 12 mars 2018

Poutine n'est pas le sauveur





Certaines personnes émerveillées par les actes de Poutine voient en lui une sorte de sauveur. Il est clair que son intervention en Syrie a marqué les esprits tout autant que son habileté politique incroyable. Moi je vois en lui un politicien habile, froidement pragmatique bref un homme d’état comme on en fait peu ou plus aujourd’hui. Mais de mon point de vue il n’est en aucun cas un sauveur à part peut-être de la Russie.



Il est tout à fait normal que Poutine soit admiré y compris par des non russes car en termes de classe et d’habileté politique il a peu d’équivalent. Mais pour moi il est le président de la Russie, un pays puissant au potentiel énorme mais aussi à la complexité terrifiante. Poutine a su redresser un pays à la dérive et ce malgré les coups bas internes et la perversité de ses adversaires notamment la thalassocratie (les forces de la mer) qui ne veut pas que la tellurocratie (les forces de la terre) forme un bloc unifié. Les USA ne veulent absolument pas que la Russie par exemple et l’Allemagne forment une alliance puissante qui serait irrésistible au plan mondial. Il faut donc pour ces gens qui se rêvent les maîtres du monde briser par tous les moyens possibles et imaginables tout espoir de bonne entente entre la Russie et l’Europe. Comme certains états notamment l’état français sont d’une stupidité crasse cela est facile. Pourtant certains disent que la France ne s’est jamais aussi bien portée que quand elle s’entendait bien avec la Russie. Pour avoir une politique intelligente et pragmatique avec la Russie, il faudrait des hommes de la stature de De Gaulle et actuellement on en est très loin. Pour en revenir à Poutine les fiotasses occidentales qui ne sont plus des dirigeants patriotes à poigne, Poutine est un cauchemar car il symbolise parfaitement ce qu'ils détestent.



Un homme viril, fort et capable de maîtriser un pays aussi grand et complexe que la Russie a de quoi effrayer ces « demi-portions ». Et son intervention en Syrie est un modèle du genre. Poutine a respecté la légalité internationale en se faisant inviter par l’état syrien. Il a sécurisé son port en Méditerranée celui de Tartous. Il a mûrement réfléchi son intervention car les russes ne pouvaient pas se manquer. Un autre Afghanistan aurait été désastreux pour Poutine et la Russie. L’image de la Russie et son influence auraient été ternis et ça aurait été très dur à rattraper. Alors que là l’intervention russe avec un contingent limité et quelques dizaines d’appareils a été un modèle du genre. La Russie a montré son savoir-faire, testé des armes, permis à certains de ses soldats de s’aguerrir et remis en état une armée syrienne en grande difficulté. Il a aussi montré qu’il était un allié fiable tout en gardant des relations certes complexes avec des pays aussi fourbes que la Turquie, Israël etc… Poutine agace les dirigeants occidentaux qui aimeraient ne faire qu’une bouchée de la Russie et en faire un enième vassal de l'empire. Mais le dernier discours de Poutine doit sans aucun doute les rendre perplexe.



L’homme sera réélu c’est une évidence. Mais son discours agressif et offensif interpelle car cela semble être un changement. Certains lui prêtaient une certaine naïveté tant il semblait vouloir trouver des compromis avec les occidentaux. Mais on le sait c’est un homme attaché à la légalité internationale et sans doute veut-il trouver un modus operandi avec les occidentaux qui quoiqu’on en pense sont des partenaires importants pour la Russie. Il semble évident aussi que Poutine réfléchit à long terme et a sans doute bon espoir que les européens notamment retrouveront leurs esprits. Mais on peut le voir avec son intense activité diplomatique il n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Les sanctions auront permis aux russes de relancer certaines activités et de se tenir prêts à toute éventualité. Le pragmatisme de Poutine l’a poussé à renforcer son armée, à renforcer certaines alliances notamment avec la Chine ou l’Iran et à faire comprendre aux russes qu’ils doivent pouvoir vivre si nécessaire en autarcie. Certains voudraient que Poutine soit plus ferme avec les occidentaux mais il tient sans doute à faire de la Russie un pays modèle et un pays respecté par d’autres pays du monde, pas un nouveau gendarme du monde. Il montre ainsi qu’il est différent des agressifs occidentaux et qu’il respecte les autres pays aussi différents soient-ils de la Russie. Donc évidemment nous ne pouvons qu’en déduire que nous avons affaire à un très grand diplomate au service avant tout de son pays.



De quoi a besoin la Russie ? D’un monde où les choses sont claires et où l’on peut se projeter. La Russie a d’immenses ressources en gaz et en pétrole et s’est d’ailleurs appuyé dessus pour se redresser. On sait aussi qu’elle a aussi les principales réserves d’uranium enrichi. Même en termes de moteurs de fusée elle est une référence ce que ne peuvent nier les arrogants étasuniens qui lui en achètent. En termes d’armement aussi elle est une référence et ses carnets de commande sont pleins. N’oublions pas enfin qu’elle est le premier exportateur de blé au monde ! Donc la Russie que certains veuillent le reconnaître ou pas est une puissance incontournable. Et cette place elle le doit en grande partie à Poutine qui est un stratège remarquable. Mais comme je le dis souvent il est au service de la Russie et son aide à la Syrie répond à cette logique. Pour de multiples raisons la Syrie est un partenaire important pour la Russie. De plus on sait que nombre de ces jihadistes qui sont allés en Syrie viennent du Caucase et les russes préfèrent les trucider là-bas que de les voir revenir enflammer des zones comme la Tchétchénie. La Syrie n’est pas si éloignée du Caucase et si ce pays devenait un vivier de terroristes ce serait un cauchemar pour les russes. Donc je pense qu’il faut prendre Poutine pour ce qu’il est. Un habile politicien qui est prêt à presque tout pour défendre les intérêts à moyen et long termes de son pays. Il n’est en aucun cas un sauveur et certains qui ont cru ça, tomberont forcement des nues.

Le bipède pensant.



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