mardi 6 mars 2018

Robocop





Encore un film du trublion Paul Verhoeven, spécialiste de la critique au vitriol de la société étasunienne. Il nous livre ici un film violent, malade et plutôt subversif. L’histoire sinistre d’un policier honnête tué par des malfrats et transformé en un cyborg policier par une entreprise capitaliste particulièrement agressive. Verhoeven profite de ce film pour critiquer entre autres la violence endémique aux USA, les médias et la pourriture d’hommes d’affaire propres sur eux mais complètement corrompus.



Certains s’attendaient à un film d’action et de science-fiction et c’est bien le cas. On a de l’action, une action violente et crue, de la science-fiction, le robot policier criant de vérité, des robots de combat etc… Verhoeven a soigné la forme avec une belle mise en scène, nerveuse et bien rythmée. On ne s’ennuie pas une seule minute dans ce film et me concernant c’est assez rare. Question effets spéciaux (Verhoeven en est un spécialiste comme on a pu le voir plus tard avec l’impressionnant « Starship Troopers ») ils sont plutôt réussis pour l’époque même s’ils ont mal vieilli. Au niveau du choix des acteurs aussi ils ont fait « fort ». Les acteurs sont charismatiques et convaincants que ce soit l’acteur interprétant Robocop, celui qui interprète le créateur de Robocop ou encore le grand méchant du film. Le scénario n’est pas forcément très original mais ça se tient. C’est un blockbuster donc on ne s’attend pas à des merveilles de ce côté-là. Mais comme dit plus haut Verhoeven a profité de ce film pour faire une chose dans laquelle il excelle à savoir une critique virulente de la société étasunienne et de ses travers.



Il critique la violence aux USA avec cette scène particulièrement crue où le policier Murphy se fait tuer. Il est assez rare de voir des scènes aussi gore dans un film à gros budget même s’il est vrai qu’à l’époque le sang et les scènes crues ne posaient pas de problème (satanée bien-pensance actuelle). Il montre aussi cette violence avec les meurtres des flics et cette scène surréaliste où un policier dit : « on est comme des lapins à l’ouverture de la chasse ! ». Et Murphy est « ramené à lavie » par une entreprise toute puissante à savoir l’OCP qui possède la police. Pour cette entreprise ce Robocop n’est qu’un produit (comme va le dire son « créateur » à des policiers) qui lui permet de se faire de la publicité en se faisant passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. C’est comme si cette société offrait à la ville une sorte d’ange gardien de métal. Et le superflic robotisé ne tardera pas à se mettre en marche en nettoyant la ville des criminels (preneur d’otage, violeurs, cambrioleurs etc…). Mais le produit « parfait » qui est aussi un homme ne tardera pas à disjoncter car sa mémoire qui était censée être effacée va remonter à la surface. Il va se rappeler de ceux qui l’ont tué et va les traquer. Il découvrira alors que le chef de ces bandits est en lien avec un haut cadre de la puissante entreprise qui l’a créé. Il tentera alors d’arrêter ce haut cadre et il découvrira stupéfait qu’on a mis en lui un verrou qui l’empêche de s’en prendre aux membres de cette société et que son « ennemi » est le meurtrier de son concepteur. Et après avoir tenté d'arrêter ce haut cadre il deviendra un ennemi public devant être détruit... Même si au final il parviendra à confondre son ennemi, à provoquer son renvoi et donc il pourra le tuer



Verhoeven montre une entreprise malade, corrompue et perverse. Une entreprise mue par la quête du profit et peu importe la manière. Une entreprise qui n’hésite pas à tuer quand nécessaire. Une entreprise dans laquelle les hauts cadres de l’entreprise sont soit des drogués et des obsédés sexuels (des thèmes chers à Verhoeven comme on l’a vu dans le pervers « Basic Instinct »), des êtres froids et immondes voire des criminels (autres thèmes chers à Verhoeven comme on a l’a vu dans le futuriste « Total Recall »). L’immoralité de cette entreprise qu’est l’OCP sera encore plus développée dans Robocop 2 qui même moins réussi que le premier a un certain intérêt. Cette entreprise donc immorale à souhait n’a pas hésité à transformer un flic mort en une espèce de zombie voir un monstre de Frankenstein devant obéir à un programme. Mais ce « zombie » finira par se « réveiller » et revendiquera son humanité « perdue ». J’y vois une critique de la folie humaine qui s’en remet entièrement à la science jusqu’à s’en prendre à une des ultimes frontières à savoir la mort. D’ailleurs quand deux hauts cadres de l’OCP discutaient sur les organes qui devaient être laissés sur le cyborg l’un des deux a dit : « Il a légué son corps à la science nous avons le droit de faire ce que l’on veut ». J’y vois donc aussi une critique de l’humanité dite développée qui finit par perdre son âme à cause de sa foi absolue en la science. Se pose aussi la question du remplacement des humains par des robots qui sont plus efficaces, plus puissants et qui ne grèvent pas ! Verhoeven critique aussi les médias qui présentent la réalité comme un spectacle. Avec des publicités partout et un ton léger qui sied mal à certaines informations dramatiques délivrées. Ils montrent aussi les émissions télé débiles etc… Un film subversif à n’en point douter.  



Comme souvent donc Verhoeven a profité d’un film de science-fiction pour critiquer violemment la société étasunienne. Une société qu’il semble percevoir comme dégénérée et violente. Mais conscient qu’il réalisait un blockbuster, il a quand même soigné la forme y mettant assez d’éléments pour satisfaire le fan de cinoche d’action et de science-fiction moyen. Mais ce que je retiens personnellement c’est une critique bienvenue d’une société malade et par certains aspects en perdition. Une société livrée à des entreprises capitalistes sans morale et donc qui se trouve gangrenée par tous les maux possibles et imaginables. Et quand on voit aujourd’hui comment un avion comme le F-35 qui a coûté des centaines de milliards de dollars a du mal à fonctionner on peut sans peine penser à ce haut cadre de l’OCP qui a fabriqué un robot pourri et qui disait que celui-ci fonctionne ou non, il avait un contrat en béton avec l’armée… Oui la critique d’une société qui finira sans aucun doute par s’écrouler sous le poids de son immoralité et de sa corruption !

Mace Windu 2019



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire